Cette ferme située sur l’Ile-d’Arz développe depuis 13 ans un troupeau de « Bretonne Pie noir », race locale bretonne. Le lait est transformé et vendu intégralement en circuit court sur l’île sous forme de beurre, de fromages, de glaces…
L’île par sa situation exceptionnelle est intégrée dans une zone Natura 2000, ainsi que dans le Parc Naturel Régional (PNR) du Golfe du Morbihan.
Ce projet est engagé dans le programme « Nature 2050 » de la Caisse des dépôts et consignations filiale biodiversité (CDC Biodiversité). Dans ce cadre le système agroforestier sera suivi sur la base d’indicateurs biodiversité jusqu’en 2050. Il a donc été financé par la CDC Biodiversité via le concours « Arbres d’avenir » dans lequel il a été lauréat de la catégorie agroforesterie.
Enjeux Biodiversité :
Notre objectif central est d’accompagner ces terres agricoles vers plus de résilience, notamment en utilisant l’arbre dans ses différents formats comme un refuge pour la biodiversité sur ce territoire aux équilibres fragiles.
L’enjeu est d’organiser le gîte et le couvert tout au long de l’année à la biodiversité présente sur l’île, par la plantation de haies et alignements de trognes, ainsi que par la valorisation de broussailles épineuses dont nous mesurons la richesse. Il s’agit pour nous d’inscrire ces terres agricoles dans le mode de gestion le plus durable possible, tant du point de vue de la biodiversité que pour notre troupeau.
Enjeux bien-être animal et diversification fourrages :
Enjeux parallèles, le GAEC souhaite également améliorer le bien-être du troupeau de vaches laitières et par la suite, améliorer la production fourragère des prairies, de produire des fertilisants à destination des prairies et des fruitiers, de planter un préverger.
Ainsi, dans un premier temps, la plantation de hauts-jets et de haies favorisera l’ombrage et une baisse des températures pendant les chaleurs estivales. Des haies coupe-vent seront disposées autour du parcellaire pour limiter l’effet séchant du vent sur les prairies. Ces haies seront parfois disposées en haies basses, pour ne pas occulter la vue sur mer des riverains.
Dans un second temps, la plantation de trognes fourragères apportera une ressource fourragère complémentaire en saison estivale, ainsi qu’un apport diversifié de vitamines et minéraux. Maintenu à environ 50 cm du sol, le feuillage des trognes sera disponible pour ces petites vaches rustiques. Le pâturage des trognes sera momentané et régulé via une clôture électrique amovible. De plus, ces trognes via leur racinaire amélioreront la productivité de la prairie de plantation.
Ce système agroforestier revisitant des pratiques traditionnelles est également tourné vers l’innovation, puisque l’intérêt des arbres sera aussi de produire du Bois Raméal Fragmenté (BRF) dans une logique d’amendement et d’auto fertilisation du sol, via la taille des haies et des alignements. Le copeau de bois sera valorisé en paillage pour les fruitiers et petits fruits, mais aussi sera restitué aux prairies sous forme d’épandage. À l’aide d’un broyeur de végétaux, le GAEC pourra broyer les branches encore vertes, car fraîchement coupées, et les épandre au sol. Les rameaux de bois vert (section <7cm de diamètre) sont riches en nutriments, sucres, protéines, celluloses et lignines qui ont tous un rôle précis et spécifique dans la constitution et le maintien des sols fertiles. L’apport de BRF est en ce sens une accélération du processus pédogénétique en œuvre dans les forêts.
Enfin, le dernier volet du projet est la plantation de fruitiers greffés, sur la parcelle 3 afin de reconstituer un préverger, paysage historique de l’ouest de la France. Le pâturage des veaux sous le verger permettra la fertilisation du verger et l’entretien de l’enherbement entre les rangs. Ces animaux étant de petit gabarit ne représentent pas un risque pour la compaction du sol.
En conclusion, ce projet met en situation plusieurs volets de l’agroforesterie, et met en valeur la diversité des usages et des rôles de l’arbre au sein d’un écosystème, d’une ferme, d’un territoire.